De l’école d’ingénieur à l’entrepreneuriat : le parcours atypique de Victor Forissier
Victor Forissier n’a jamais suivi le chemin tout tracé. Après un semestre à l’INSA Lyon, il comprend que le cadre académique ne lui correspond pas. Pour obtenir de bons résultats, il doit sacrifier le temps qu’il consacre à la lecture, un équilibre qu’il refuse. Très vite, l’envie de créer un produit concret prend le dessus.
C’est alors qu’un ami le pousse à réfléchir autrement :
« Si ton objectif est d’entreprendre, cinq années d’école ne changeront pas grand-chose. Pourquoi ne pas te lancer dès maintenant ? »
Une réflexion décisive. Victor choisit de suivre son intuition et de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale sans attendre.
Il quitte alors l’école d’ingénieur pour tracer son propre chemin. Il se plonge dans la lecture, apprend à coder en autodidacte, passe quelques mois à l’école 42, puis s’immerge dans l’univers bouillonnant des start-ups.
Il développe des dizaines d’applications, expérimente, travaille en freelance pour financer ses projets… tout en nourrissant une ambition bien plus large.
« Je m’étais lancé le défi de créer une application par semaine pendant un an. »
Pendant cette période, Victor déborde d’idées. Il imagine des structures économiques complexes, à grande échelle. Concevoir des systèmes ambitieux, théoriques, lui semble plus stimulant que de coder une solution concrète et immédiatement fonctionnelle.
Mais cette créativité intense a aussi son revers : pendant plusieurs années, son défi est d’apprendre à canaliser son imagination pour se concentrer sur ce qui compte ici et maintenant.
« En 2017, je me souviens avoir esquissé un plan pour distribuer Internet par satellite, afin de contourner les contraintes de licences télécoms… En réalité, c’était exactement l’idée de Starlink. Mais avec du recul, c’est un bon exemple de manque de réalisme : ce n’est pas l’idée qui fait Starlink, c’est le fait d’avoir des fusées à bas coût… parce qu’on est SpaceX. »
Ce parcours intense le conduit jusqu’à HF0, un incubateur ultra-sélectif basé à Miami, reconnu pour accueillir certains des jeunes talents les plus prometteurs de la tech mondiale. C’est là que naît chez lui une envie plus structurée : celle de créer un projet ambitieux, financé, avec une vraie vision long terme.
Polyfact : la tech au service des affaires publiques
En 2024, Victor lance Polyfact, une entreprise à la croisée de deux mondes rarement connectés : la politique et la technologie.Polyfact est un outil de veille automatisée pour les professionnels des affaires publiques. Ces derniers, souvent chargés de surveiller l’actualité politique, les prises de position, les amendements ou les débats parlementaires, passent un temps considérable à trier l’information.
Polyfact récupère, structure et synthétise ces données grâce à l’intelligence artificielle. Résultat : un gain de temps massif, une meilleure clarté, et une capacité renforcée à anticiper les mouvements politiques.
"La politique est un domaine où le ratio signal/bruit est très bas. Les LLM sont parfaits pour ça : ils coupent le bruit et extraient le signal"
Pour qui ?
Polyfact s’adresse aux :
- fédérations professionnelles (MEDEF, AFEP, Pact’alim…)
- grandes entreprises (Engie, Leclerc…)
- cabinets de conseil en affaires publiques (Image 7, Boury Tallon, Lysios, etc.).
Une vision ambitieuse : rendre la politique plus transparente
Victor Forissier ne cache pas ses ambitions : faire de Polyfact le Google de la transparence politique.
Sa conviction ?
La technologie peut (et doit) servir à clarifier le discours politique, à rétablir un lien de confiance entre citoyens et institutions, et à rééquilibrer les rapports de force entre grandes et petites structures.
"Aujourd'hui, seules les grosses entreprises ont les moyens de faire du lobbying. Polyfact veut donner une voix aux autres"
Et demain ?
Victor imagine un monde où chaque citoyen disposerait d’une application personnalisée lui traduisant en temps réel les actions de ses représentants. Une démocratie plus fluide, plus réactive, où la prise de décision s’appuie sur une information claire, accessible et vérifiable.
Et maintenant ?
Lancée en 2024, Polyfact compte déjà une quinzaine de clients. Et Victor voit loin :
"Si je devais rêver grand : que la politique devienne plus transparente, moins émotionnelle, plus utile"
Derrière cette ambition, un projet aussi singulier que cohérent. Polyfact est le fruit d’un parcours en rupture avec les cadres traditionnels, façonné par des années d’expérimentations et guidé par une volonté claire : mettre la technologie au service de l’intérêt général.
Avec une nuance importante : pour Victor, la politique ne devrait pas occuper une place aussi centrale dans nos préoccupations.
« Je pense qu’elle est souvent perçue comme plus importante qu’elle ne l’est vraiment. Elle peut devenir une distraction, nous éloignant de sujets fondamentaux. »
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